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Sida: quelques faits et chiffres

31/12/18
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Category: Infectious Diseases
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Article paru dans le magazine Semper - édition décembre 2018 - www.dsb.lu

Sida: quelques faits et chiffres

Avec plus de 35 millions de morts à ce jour, le VIH continue à représenter un problème de santé publique majeur au niveau mondial. En 2017, 940.000 personnes sont décédées dans le monde d’une cause liée au VIH. Le point, dans le monde et au Grand-Duché de Luxembourg.
Sida


Fin 2017, 21,7 millions de personnes bénéficiaient d’un traitement antirétroviral. Chez les femmes enceintes et allaitantes, le taux de couverture par traitement antirétroviral s’élève actuellement à 80%.

La région africaine de l’OMS reste la région la plus touchée, avec 25,7 millions de personnes vivant avec le VIH, et concentrant les deux tiers des nouvelles infections.

Les populations clés qui sont à risque accru de contracter le VIH sont, notamment, les hommes ayant des rapports sexuels non protégés avec d’autres hommes, les consommateurs de drogues par voie intraveineuse, les travailleurs (es) du sexe, et les personnes ayant des échanges sexuels fréquents et non protégés avec différents partenaires.

Les populations les plus exposées sont les personnes les plus vulnérables, ayant des problèmes sociaux et souvent juridiques, marginalisées et précarisées: elles n’ont pas, ou difficilement accès au dépistage et aux offres de traitements.

Il n’existe pas de traitement pour guérir l’infection par le VIH. Cependant, les traitements antirétroviraux (ARV) peuvent permettre de maîtriser le virus et contribuer à éviter sa transmission, dès lors que la charge virale, grâce à un traitement efficace et bien suivi, est devenue indétectable. Grâce à ces traitements, les personnes porteuses du VIH peuvent aujourd’hui bénéficier d’une vie longue et productive et bénéficient d’une espérance de vie avoisinant celle de la population générale.On estime qu’actuellement seulement 75% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur situation.

Entre 2000 et 2017, le nombre de nouvelles infections a chuté de 36% grâce aux efforts mondiaux de lutte contre le sida, et le nombre de décès liés au VIH a baissé de 38%, sauvant ainsi 11,4 millions de vies sur la même période, grâce aux ARV.

Alors qu’à l’échelle mondiale, la prévalence du VIH diminue, à l’échelle européenne, elle se stabilise en Europe de l’Ouest, et continue à augmenter en Europe de l’Est.

Luxembourg: flambée épidémique

Au Luxembourg, l’incidence du VIH a continué à augmenter chaque année, et en 2017, 101 nouvelles personnes infectées ont été incluses dans la cohorte suivie par le Service National des Maladies Infectieuses (SNMI; CHL): ce nombre est toujours en constante augmentation et a doublé en 10 ans.

En 2017, nous avons constaté une forte augmentation du nombre de contaminations chez les personnes hétérosexuelles, et une diminution du nombre d’infections dues à l’usage de drogues par voie intraveineuse, alors que la période 20122015 avait connu une flambée épidémique dans cette population.  La consommation de cocaïne par voie intraveineuse est l’un des déterminants de cette flambée épidémique inquiétante, associée à la précarisation et à l’exclusion sociale qui ont mis en échec les programmes de prévention actuels.

Au 22/11/2018, nous avons enregistré 81 nouvelles inclusions dans la cohorte luxembourgeoise, 60 hommes et 21 femmes. 23 infections ont eu lieu par voie hétérosexuelle, 37 sont des hommes ayant eu des relations sexuelles avec d’autres hommes, 4 infections par usage de drogues par voie intraveineuse, 17 à l’origine inconnue à l’heure actuelle. On semble donc assister à une nouvelle recrudescence des infections auprès des MSM (hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, ndlr), car en effet, lorsqu’on analyse les nouvelles infections (diagnostiquées il y a moins de six mois), on compte 25 hommes, 10 femmes, 11 contaminations par voie hétérosexuelle, 18 MSM, 4 par usage de drogues par voie intraveineuse.

Au Luxembourg, plus de 1000 personnes vivent actuellement avec le VIH, et on estime que 20% de ces personnes ne savent pas qu’elles sont infectées, faute d’avoir fait le test de dépistage. Or, la seule condition pour avoir accès aux traitements est de savoir si on a été infecté, et pour cela, un seul geste s’impose: Faire le test de dépistage !

Nous sommes proches des objectifs 90-90-90 de l’ONUSIDA, c’est-à-dire: 90% des personnes diagnostiquées, 90% des personnes traitées et 90% des personnes traitées avec une charge virale indétectable. Mais les personnes non diagnostiquées et non traitées sont les déterminants majeurs des infections de demain. Nous nous devons donc d’organiser au plus vite leur lien vers les soins médicaux, en proposant notamment une offre de diagnostic la plus diversifiée et accessible à tous, ce qui est possible.

Au Luxembourg, plus de 1000 personnes vivent actuellement avec le VIH, et on estime que 20 % de ces personnes ne savent pas qu’elles sont infectées,  faute d’avoir fait le test de dépistage.

Semaine européenne de dépistage

C’est ainsi que, du 23 au 30 novembre, le ministère de la Santé et la HIV Berodung de la Croix-rouge ont uni leurs efforts, pour s’associer à la «Semaine européenne de dépistage du VIH», qui a lieu tous les ans. Il a été possible de faire un test de dépistage gratuit et anonyme par analyse sanguine dans les différentes antennes des laboratoires Picken doheem, Ketter Thill, Gesondheets-Service Lëtzebuerg, des Laboratoires Réunis, ainsi que, comme durant toute l’année, au CHL, au CHEM, au CHdN et au Laboratoire national. Le service HIV Berodung et le DIMPS (Dispositif d’Intervention mobile pour la Promotion de la Santé Sexuelle) a offert des tests de dépistage rapide (TROD) par prélèvement d’une goutte de sang au doigt, dans des endroits clefs, comme les Rives de Clausen, la gare de Luxembourg, la Cigale, ou le siège de la HIV Berodung.

Chaque année, de nombreuses activités de prévention, d’information et de sensibilisation sont organisées par la Division de la médecine préventive de la Direction de la Santé, en collaboration avec la HIV Berodung de la Croix-Rouge et en concertation avec le Comité national de surveillance du Sida.

La stratégie de prévention poursuivie par la division de la médecine préventive comporte plusieurs axes prioritaires, dont:
•  des campagnes d’information et de sensibilisation du grand public, ciblant les populations à risque accru, et impliquant les professionnels de soins et de santé;
•  l’augmentation de l’accès au dépistage et au traitement;
•  l’implication des laboratoires hospitaliers et privés dans les actions de dépistage, avec une offre de formation en matière de counseling pré et post test par les psychologues de la HIV Berodung; une offre de dépistage bas seuil ciblant les populations les plus vulnérables existe.

Face à la progression préoccupante des IST (Infections sexuellement transmissibles) au niveau mondial, la Division de la médecine préventive organise chaque année une campagne d’information et de sensibilisation s’adressant à la population générale, et aux jeunes en particulier, avant leur départ en vacances, moment propice pour les rencontres amoureuses, avec un rappel des règles du safer sex.

Chaque 1er décembre, journée mondiale du sida, proclamée par l’OMS, une campagne de prévention est organisée, rappelant la solidarité avec les personnes séropositives et les règles du safer sex. Des séances d’information interactives sont organisées pour les élèves du secondaire et un concours «Art on Condoms» a été organisé, avec remise de prix.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plan d’action national VIH

L’année 2017 a été riche en activités pour tous les partenaires impliqués dans la lutte contre le VIH/Sida au Luxembourg: le nouveau «plan d’action national VIH» et le premier «plan d’action de lutte contre les hépatites» a été soumis et adopté par le conseil de gouvernement.

Une consultation PrEP a été mise en place au CHL sous la forme d’une étude pilote de 2 ans. La PrEP fait partie des outils de prévention mis en œuvre pour permettre aux personnes qui n’utilisent pas systématiquement des préservatifs de réduire leur risque d’infection, en prenant des médicaments antirétroviraux, soit de manière temporaire, soit en continu, en fonction de leur comportement à risque. De manière générale, il faut améliorer la communication autour des outils de prévention, tels la PEP (Prophylaxie post-exposition, après un comportement à risque) et la PrEP, en ciblant les populations à risque. Les TROD (tests rapides à orientation diagnostique) ont été recommandés par le comité de surveillance du sida, pour accélérer le dépistage précoce et la mise sous traitement, afin d’éviter la transmission à d’autres personnes.

La distribution gratuite de préservatifs constitue également un des piliers des activités de prévention, par l’intermédiaire des associations actives dans le domaine de la prévention du Sida et des IST, et lors d’évènements socioculturels ou sportifs.

Les demandes d’intervention étant sans cesse croissantes, le service HIV Berodung  a mis sur pied une formation pour acteurs-relais, permettant au personnel éducatif et soignant d’acquérir les techniques éducatives et interactives nécessaires.

Enfin, grâce aux permanences de dépistage de la HIV Berodung, à l’ouverture de nouvelles permanences, et aux sorties du DIMPS, des projets «outreach» ont pu être mis en place, offrant un échange de seringues, ainsi qu’une possibilité de dépistage du VIH et de l’hépatite C aux personnes les plus vulnérables et isolées.

Mots clefs: Prévention-Dépistage-Traitement

Le respect des règles du safer sex, le dépistage précoce en cas de prise de risque, permettent d’éviter une infection, et, en cas d’infection, d’avoir rapidement accès aux traitements existants. Les traitements actuels permettent aux personnes séropositives d’avoir une espérance de vie comparable à celle de la population générale. Ils permettent également d’atteindre une charge virale indétectable, et de réduire fortement le risque de transmission.

Dr Simone Steil, Médecin Chef de division

 

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