Article paru dans le magasine SEMPER – édition Mars 2020 – www.dsb.lu
Rubrique sous la responsabilité du Dr Manon Gantenbein, PhD, Responsable du Clinical and Epidemiological Investigation Center du LIH
A travers le Luxembourg Institute of Health (LIH) et l’Integrated Biobank of Luxembourg (IBBL), le Luxembourg participe au consortium de «REVERT», un prestigieux nouveau projet européen financé par le programme de la Commission Européenne «Horizon 2020». Le projet, qui a officiellement démarré à la fin de janvier 2020, vise à se servir de l’intelligence artificielle pour identifier un algorithme prédictif à utiliser dans le traitement des patients atteints d’un cancer colorectal avancé. Dans le cadre de cette étude translationnelle collaborative, les instituts luxembourgeois contribueront au développement de nouvelles procédures opérationnelles pour les protocoles de validation qui permettront de mesurer des biomarqueurs classiques et nouveaux. Le but ultime du projet est de mieux cibler les traitements anticancéreux aux caractéristiques spécifiques du cancer de chaque patient, en s’appuyant sur l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Plus de 400 000 personnes reçoivent chaque année un diagnostic de cancer colorectal (CCR) en Europe, et près de la moitié de ces nouveaux cas finissent par développer des métastases distantes. Malgré la capacité de médicaments tels que le bevacizumab, le cetuximab et le panitumumab à améliorer considérablement la survie médiane des patients atteints de cancer colorectal métastatique non résécable, leur efficacité dépend des caractéristiques cliniques spécifiques et de la biologie de la maladie du patient. De plus, les effets secondaires et les coûts considérables constituent des inconvénients supplémentaires.
Dans ce contexte, le projet «TaRgeted theErapy for aVanced colorEctal canceR paTients» (REVERT) vise à comprendre la physiopathologie spécifique du cancer colorectal métastatique (CCRM) chez les patients répondant bien ou mal aux thérapies, afin de concevoir une stratégie optimale pour le traitement du CCRM au cas par cas, avec des interventions thérapeutiques adaptées aux particularités du patient. Plus précisément, le consortium cherche à créer un algorithme innovant d’aide à la décision basé sur des techniques d’intelligence artificielle (IA) et des données réelles générées par plusieurs hôpitaux européens, qui sera à terme en mesure d’identifier l’intervention thérapeutique la plus appropriée et la plus rentable pour les patients atteints de CCRM non résécable. Pour atteindre cet objectif, une grande base de données («REVERT-Data base – RDb») sera mise en place, s’appuyant sur un large ensemble d’échantillons de biobanques normalisés et de données associées, ainsi que sur des bases de données contenant des caractéristiques cliniques/biologiques et des biomarqueurs pronostics/prédictifs connus et nouveaux, provenant des principaux centres cliniques et de recherche européens. La capacité de l’algorithme «REVERT» à impacter positivement la survie et la qualité de vie des patients sera évaluée dans un essai clinique prospectif sur 10 000 cas de CCRM.
«Plus de 400 000 personnes reçoivent chaque année un diagnostic de cancer colorectal en Europe.» |
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Le Luxembourg contribuera à l’étude avec son expertise de longue date en matière de recherche sur le cancer colorectal et de validation de biomarqueurs de diagnostic et de pronostic. Notamment le LIH, à travers sa biobanque IbbL, sera impliqué dans l’élaboration de procédures opérationnelles normalisées relatives aux protocoles de validation des biomarqueurs, ainsi que dans le développement des critères d’évaluation des caractéristiques de performance prédictive des biomarqueurs pour le cancer colorectal.
«REVERT» est caractérisé par une dimension véritablement transversale et translationnelle. En effet, l’un des objectifs du projet est de mettre en place un réseau européen de petites et moyennes entreprises (PME), centres cliniques, instituts de recherche et biobanques, axé sur la recherche et le développement dans le domaine de l’intelligence artificielle afin de soutenir la médecine personnalisée et prédictive. Ce réseau utilisera les résultats obtenus dans le domaine oncologique grâce à REVERT comme point de départ pour l’application de l’intelligence artificielle dans la médecine prédictive à d’autres maladies chroniques invalidantes complexes. De plus, la base de données «REVERT-Data base» et l’algorithme basé sur l’intelligence artificielle développés dans le cadre du projet seront mis à la disposition de tous les instituts de recherche de l’Union Européenne qui en feront la demande pour utilisation dans de futures études, renforçant ainsi leur caractère translationnel et maximisant leur utilité.
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