Article paru dans le magazine Semper www.dsb.lu et sous la direction du Dr Anna Chioti
Soirée scientifique 15 MARS 2017
Le Docteur Eric Leblanc, Chef de Département de Cancérologie Gynécologique au Centre Oscar Lambret, du Centre Régional de Lutte contre le Cancer à Lille, était l’orateur invité au Centre François Baclesse, pour animer une soirée scientifique organisée en collaboration avec l’Institut National du Cancer et la Société Luxembourgeoise d’Oncologie.
Dr Anna Chioti
Lors de l’introduction du thème de la conférence, le Docteur Untereiner a rappelé les travaux en cours à l’Institut National du Cancer pour le développement de «guidelines» ou recommandations de bonne pratique dans la prise en charge et le traitement des différents types de cancer au Luxembourg. De ce fait, la place respective de la chirurgie par rapport à la radiothérapie est un sujet fréquent de discussion au sein des divers groupes de travail dédiés à l’élaboration de ces recommandations.
Le point a donc été fait par le Dr Eric Leblanc, sur la prise en charge et les traitements des cancers gynécologiques au Centre Oscar Lambret, référence en France et au niveau international en matière de gynécologie oncologique. Environ 950 cancers gynécologiques y sont pris en charge chaque année, grâce à des techniques opératoires innovantes réalisées par des professionnels impliqués dans une recherche dynamique et à la pointe du progrès.
Le Luxembourg se situe dans les 12 meilleurs pays de l’OECD pour la mortalité par cancer du col de l’utérus et une amélioration a été identifiée entre 2001 et 2011. Le taux standardisé de mortalité par cancer de l’utérus du Luxembourg de 2,1 pour 100.000, est en 2011 supérieur à celui de la Suisse (1,3/100.000), égal à celui de la France (2,1/100.000), et inférieur à celui de l’Allemagne (3/100.000) et de la Belgique (3,1/100.000) 1. |
Le Dr Leblanc constate que, dans sa région, les cas sont encore trop nombreux. Plus de 270 patientes atteintes d’un cancer du col de l’utérus ont été prises en charge par le Centre Oscar Lambret en 2016. En France, le cancer du col de l’utérus est le 10ème cancer féminin par ordre de fréquence.
Grâce à un dépistage organisé et à la vaccination, le nombre de cancers du col de l’utérus ont été sensiblement réduits ces 10 dernières années. En effet, actuellement, 9 cas sur 10 peuvent être évités par le frottis de dépistage !
Lors de son brillant exposé, le Dr Leblanc a présenté plusieurs vidéos illustrant les techniques de chirurgie moderne et les indications dans les cancers du col utérin et a abordé les critères permettant de proposer une chirurgie mini-invasive, dont le
but est d’augmenter le confort des patientes. Il a détaillé les différentes indications schématiques selon les recommandations de la Société Française d’Oncologie Gynécologique et des techniques innovantes proposées au Centre Oscar Lambret.
Les techniques opératoires de moins en moins invasives combinant outre la chirurgie par les voies naturelles, la coelio-chirurgie et la robotique de dernière génération (robot DaVinci Xi™), sont choisies en fonction du contexte de la maladie et de la patiente.
Elles permettent de réduire le traumatisme chirurgical tout en augmentant la qualité de vie des patientes. Elles permettent en effet, par exemple, de mieux préserver l’innervation pelvienne (source d’inconfort digestif, sexuel ou urinaire), ou de préserver la fertilité des patientes jeunes, porteuses d’une tumeur localisée, de petite taille 3.
Au Luxembourg, le dépistage du cancer du col de l’utérus ne fait pas l’objet d’un programme de dépistage organisé par l’autorité sanitaire, ce qui correspond à la pratique dans les autres pays européens. L’autorité sanitaire ou le Conseil Supérieur dans le Domaine de la Santé n’ont pas publié de recommandations en matière de dépistage du cancer du col de l’utérus. Toutefois, le dépistage par frottis est réalisé par les médecins gynécologues qui le proposent aux femmes venant en consultation ou lors d’un suivi systématique chaque année. La périodicité des frottis dépend des habitudes du médecin et des demandes des femmes. Une partie de la population féminine peut bénéficier de plusieurs frottis annuels, alors qu’une part de la population féminine n’a pas de suivi gynécologique et de ce fait ne bénéficie pas de ce type de dépistage. Les statistiques publiées par le Laboratoire National de Santé montrent qu’en 2010, 83 906 femmes ont bénéficié d’un dépistage par frottis, 76 757 en 2011 et 71 971 en 2012 2. |
Des interventions utilisant la technique du ganglion sentinelle ont été projetées. Cette méthode permet de rechercher, grâce à l’injection dans le col utérin de traceurs colorés, fluorescents ou radioactifs, le premier ganglion susceptible d’être contaminé par la tumeur. Cette technique utilisée en routine dans le cancer du sein est pratiquée régulièrement par les
équipes autour du Dr Leblanc, dans le cadre d’études, pour les cancers du col de l’utérus.
Elle permettra à terme d’éviter le retrait total et systématique de tous les ganglions lymphatiques du pelvis, source possible de séquelles invalidantes (épanchements, grosses jambes) 3.
Les nouvelles techniques mini-invasives permettent une prise en charge rapide et une hospitalisation courte (une à deux journées), permettant aux patientes un retour rapide à leur domicile et à une vie normale.
Pour les formes plus évoluées du cancer du col de l’utérus, deux techniques sont proposées: la radiothérapie externe conformationnelle avec modulation d’intensité associée à la chimiothérapie et la curiethérapie guidées par l’imagerie. |
Les techniques opératoires combinant outre la chirurgie par les voies naturelles, la coelio-chirurgie et la robotique de dernière génération (robot DaVinci Xi™), sont choisies en fonction du contexte de la maladie et de la patiente. |
Ensuite, le Dr Leblanc a montré, à travers de nombreux cas cliniques appuyés par des données d’études publiées dans la littérature internationale, comment le chirurgien peut aider le radiothérapeute. La radiothérapie est et reste un traitement primordial en cancérologie, utilisée seule ou en association avec la chirurgie et la chimiothérapie. Le Centre Oscar Lambret dispose de techniques de pointe, complexes et innovantes qui en font un service de référence reconnu pour son expertise scientifique et technique 3.
Pour les formes plus évoluées du cancer du col de l’utérus, deux techniques sont proposées, offrant une irradiation plus précise de la zone tumorale: la radiothérapie externe conformationnelle avec modulation d’intensité associée à la chimiothérapie (radiochimiothérapie concomitante) et la curiethérapie guidées par l’imagerie.
La première technique de radiothérapie est réalisée par un appareil de tomothérapie (radiothérapie guidée par l’image) qui garantit aux patientes du centre un meilleur ciblage du tissu tumoral à irradier, tout en réduisant les risques pour les organes sains situés à proximité. Depuis 2013, la TomoHDA™, dernière génération des systèmes de tomothérapie, permet ainsi aux radiothérapeutes de proposer des traitements sur mesure, ultra-précis et de la plus haute qualité technique. Le rayonnement adapté aux différents tissus peut délivrer des doses importantes sur la tumeur tout en limitant les risques sur les tissus sains avoisinants. Les traitements sont ainsi infiniment mieux tolérés et les effets secondaires limités 3.
La curiethérapie, elle aussi guidée par l’imagerie par résonance magnétique (IRM), permet également de délivrer une dose élevée dans la tumeur tout en préservant au mieux les organes sains avoisinants. Elle peut être associée à la chirurgie pour les lésions localisées, ou associée à la radiothérapie externe dans les formes plus évoluées.
La chirurgie permet également la prise en charge des récidives du cancer du col et des cancers plus invasifs car elle permet les reconstructions nécessaires en cas d’invasion des tissus et organes voisins.
Le chirurgien peut aider le radiothérapeute en définissant plus précisément l’étendue des champs de la radiochimiothérapie,
en réséquant les ganglions volumineux et en protégeant les organes critiques, comme les ovaires ou les intestins. Ces approches permettent de réduire la toxicité de la radiothérapie.
Plus récemment, une thérapie ciblée anti-angiogénique est utilisée dans la prise en charge des cancers du col de l’utérus au stade métastatique. Ce traitement freine la formation de nouveaux vaisseaux sanguins au niveau de la tumeur, bloque son alimentation en oxygène et en nutriments et empêche ainsi sa croissance. Associé à la chimiothérapie habituelle, ce traitement permettrait d’augmenter l’espérance de vie des patientes traitées 3.
La chirurgie permet les reconstructions nécessaires en cas d’invasion des tissus et organes voisins. |
La chirurgie est à privilégier si la tumeur est localisée ou de faible volume. La chirurgie peut être proposée en rattrapage en cas de nonréponse à la radiothérapie/curiethérapie (RTCT) ou en cas de récidive locale. La chirurgie mini-invasive, vaginale,
coelioscopique ou robotique, doit être le premier choix.
La radio-chimiothérapie concomitante + curiethérapie est le traitement de choix des cancers localement évolués. La chirurgie peut aider le radiothérapeute à mieux définir ses champs et à prévenir certaines complications.
Que pourrait-on proposer dans un futur proche ? Une RTCT plus efficace grâce à l’association à une thérapie ciblée/des immuno-modulateurs? Une chirurgie et/ou radiothérapie encore mieux définies ?
Affaire à suivre…
Références :
1. https://plancancer.lu/about/depistage/cancer-du-col-de-luterus/epidemiologie-cancercol-de-luterus/
2. https://plancancer.lu/about/depistage/cancer-du-col-de-luterus/depistage-actuel-cancer-du-col-de-luterus/
3. http://www.centreoscarlambret.fr/actualites/semaine-europeenne-prevention-depistage-cancer-col-uterus
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