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Covid-Kids: étude évalue impact pandémie sur bien-être des enfants

20/09/21
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Category: Other
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Article publié dans le magazine SEMPER – édition juillet 2021 – www.dsb.lu

Covid -Kids: une étude qui évalue l’impact de la pandémie COVID-19 sur le bien-être des enfants

À l’occasion d’un webinaire intitulé «COVID-19, un an après: des conséquences chez l’enfant et l’adolescent ?» et organisé le 5 mai 2021 au Centre Hospitalier de Luxembourg, le Pr Claudine Kirsch, Associate Professor, Education, Languages à l’Université du Luxembourg et le Pr Pascale Engel de Abreu, Associate Professor, Developmental Psychology à l’Université du Luxembourg ont présenté les résultats de l’étude COVID-Kids menée par l’Université du Luxembourg et avec le support, entre autre, de UNICEF Luxembourg.

Céline Buldgen

 

Entre mai et juillet 2020, des chercheurs de l’Université de Luxembourg ont mené un projet de recherche intitulé COVID-Kids I relatif au bien-être des enfants et des adolescents. L’étude (Understanding the influence of COVID- 19 on children’s and adolescents’ school experience and subjective wellbeing) a permis d’examiner l’impact de la pandémie COVID-19 sur le bienêtre subjectif et les expériences quotidiennes d’enfants âgés de 6 à 16 ans au Luxembourg. Pour mener à bien ce projet de recherche, une approche de méthodes mixtes combinant un questionnaire en ligne et des entretiens de groupe a été utilisée.

 

«L’objectif principal de cette étude était d’écouter les expériences vécues par les enfants, et de faire en sorte que leur voix puisse éclairer les futures réponses apportées à différents niveaux tels le Gouvernement, les ministères, les enseignants et éducateurs, les professionnels de la santé, les parents…», expliqua le Pr Claudine Kirsch.

 

Mesurer le bien-être des enfants

En vue de mesurer le bien-être des enfants et des adolescents, les chercheurs de l’Université de Luxembourg ont récolté des données quantitatives et qualitatives.  Pour l’analyse qualitative, des entretiens de groupe ont été organisés avec 22 enfants âgés de 8 à 16 ans dont les origines linguistiques, culturelles et sociales étaient différentes.

Les sujets abordés par les enfants lors de ces entretiens étaient les suivants:

Le temps passé en famille (p.ex. plaisir, stress).

Les activités communes (p.ex. préparer les repas, manger, jouer, discuter…).

Les effets de la distanciation physique et sociale (p.ex. stress, solitude, l’isolement).

Les personnes qui manquent (les amis, membres de famille vivant ailleurs).

Les technologies et leur usage abondant (p.ex. internet, gaming).

L’apprentissage (p.ex. (dé)motivation, flexibilité, autonomie, structure, stress).

 «Nous nous sommes aperçus que les expériences et les perceptions de ces 22 enfants âgés de 8 à 16 ans étaient très différentes lors des entretiens que nous avons menés.», commenta le Pr Claudine Kirsch.

Au total, 711 participants âgés de 6 à 16 ans ont participé au Luxembourg à l’enquête en ligne et ont répondu à 68 questions ouvertes, dont celles-ci:

Quelle est la plus belle chose pour toi pendant la période du coronavirus ? Quelques-unes des réponses données: le temps passé avec ma famille, le calme, le silence, le repos, le temps pour soi, «absolument rien n’est bien».

Quelle est la pire chose pour toi pendant la période du coronavirus ? Quelques-unes des réponses données: les morts, la peur que le virus ne disparaisse pas, l’isolation (rester à la maison, être enfermé), les restrictions (ne pas jouer au foot), l’ennui, le surmenage et le manque de motivation, la dépression.

Pour l’analyse quantitative, les chercheurs de l’Université de Luxembourg ont eu la possibilité de sonder, via un questionnaire en ligne, les expériences d’enfants âgés de 6 à 16 ans vivant au Luxembourg, en Allemagne et au Brésil quant à leur bien-être subjectif et leur vie quotidienne à la maison pendant la pandémie.

L’étude (Subjective Well-Being of Adolescents in Luxembourg, Germany and Brazil During the Covid-19 Pandemic) a été publiée dans le Journal of Adolescent Health. L´article est disponible en libre accès:  www.jahonline.org/article/S1054-139X(21)00225-1/fulltext

Un questionnaire en ligne a été complété par 1.613 adolescents, âgés de 10 à 16 ans, dont 78 % d’entre eux provenaient d’un milieu socio-économique élevé. «Pour notre approche, nous avons utilisé une modélisation par équations structurelles, et nous avons travaillé avec des variables latentes.», précisa le Pr Pascale Engel de Abreu.

Pour explorer leur modèle de bien-être subjectif, les chercheurs de l’étude ont évalué deux composantes en lien avec le bien-être pendant la pandémie: 

 

1.     La satisfaction à l’égard de la vie: Indicateurs (échelles de Likert): satisfaction dans la vie en général, à l’école, par rapport à la santé, au niveau de la sécurité et du bien-être.

 

2.     Le bien-être émotionnel: Indicateurs (échelles de Likert): fréquences des soucis, des émotions négatives.

Pr Pascale Engel de Abreu: «Pour faire le choix de nos prédicteurs, nous avons exploré toute une gamme de covariances socio-démographiques, interpersonnelles et intra-personnelles: l’âge, le genre, la satisfaction de la vie avant la pandémie, les performances scolaires avant la pandémie, l’usage d’Internet avant la pandémie… Au total, nous avons exploré vingt facteurs à travers notre questionnaire en ligne. Ce type d’analyse avait pour but d’identifier des relations entre certaines caractéristiques des enfants / adolescents en lien avec le bien-être. Nous pouvions dès lors penser que cela nous donnerait des informations importantes telles que l’identification de groupes à risque ou encore de facteurs qui sont en rapport avec le bienêtre, et qui peuvent donner des pistes d’interventions possibles.»

Concernant les caractéristiques de l’échantillon, les chercheurs de l’étude ont remarqué des différences considérables chez les enfants provenant des trois pays.

Pr Pascale Engel de Abreu en témoigna: «Les caractéristiques de l’échantillon étaient un peu plus différentes pour les enfants vivant au Brésil. On nota par exemple une plus grande expérience de ces enfants avec la COVID lors de la première vague et un revenu socio-économique un peu plus bas. Concernant le bien-être des enfants pendant la COVID, nous avons vu par exemple que les réponses des groupes d’enfants au Luxembourg et en Allemagne étaient plus identiques que celles émises par les enfants du Brésil, ce qui confirma nos prédictions de départ. Bien évidemment, le but de notre étude n’était pas de comparer les trois pays à proprement-dit…»

 

Etude COVID-Kids I: les résultats obtenus lors de l’analyse quantitative

• Ce modèle de bien-être subjectif fonctionne bien pour les 3 pays.

• Le bien-être collectif est un concept multidimensionnel composé de facteurs séparables mais intercorrélés.

• Des prédicteurs communs ont pu être établis (MIMIC models). Pascale Engel de Abreu: «Parmi les 20 facteurs sélectionnés au départ dans notre modèle de bien-être subjectif, nous voulions savoir si certains facteurs avaient un plus grand impact. C’est pourquoi nous nous sommes surtout intéressés aux facteurs que les 3 pays avaient en commun. Sur les 20 facteurs explorés,

9 étaient en commun entre les 3 pays. Nos résultats ont pu montrer par exemple que le genre avait un impact sur le bien-être émotionnel des enfants et adolescents. Les filles avaient en effet un risque plus élevé d’être moins bien psychologiquement par rapport à la situation sanitaire. Les enfants de milieux plus aisés se sentaient mieux avec la situation, etc.»

Conclusions principales et limitations

L’étude COVID-Kids I a permis d’obtenir deux conclusions principales. D’une part, les filles et les adolescents de foyers à faible revenus ont un risque plus élevé de subir les conséquences psychologiques négatives de la COVID-19 que les garçons et les adolescents de foyers à revenus plus élevés.

Les effets indirects de la COVID-19 sont donc susceptibles de tomber de manière disproportionnée sur certains groupes et d’exacerber les inégalités préexistantes. D’autre part, l’étude a permis d’identifier des facteurs dont l’influence sur le bien-être est plus forte, et sur lesquels il est possible d’agir:

Le degré de difficulté, la quantité et le contenu du travail scolaire pendant la période d’enseignement à distance.

La peur de tomber malade.

La satisfaction avec la façon dont les adultes écoutent les enfants.

Bien évidemment, cette étude comportait des limitations:

Echantillonnage de commodité.

Surreprésentation des enfants des foyers à revenu élevé.

Peu d’informations sur les expériences des enfants vulnérables (e.g enfants de foyers d’accueil, enfants avec besoins spéciaux…).

Limites inhérentes à une enquête en ligne en ce qui concerne les questions qui peuvent être posées.

 

«Les filles et les adolescents de foyers à faible revenus ont un risque plus élevé de subir les conséquences psychologiques négatives de la COVID-19 que les garçons et les adolescents de foyers à revenus plus élevés.»

Considérations éthiques

Les chercheurs de l’Université de Luxembourg ont reçu l’approbation du Panel d’Ethique de l’Université de Luxembourg (ERP), leur projet de recherche étant conforme au règlement général sur la protection des données de l’Union européenne. «Nous avons dû tenir compte dans notre étude de considérations éthiques spéciales liées à la collecte des données en ligne avec des groupes d’âge plus jeunes au cours des premiers mois d’une pandémie mondiale. Par exemple, nous n’avons pas pu explorer directement les relations intra-familiales.», précisa le Pr Pascale Engel de Abreu, qui s’est également exprimée sur l’importance de réaliser une telle étude: «Ce projet est conforme à la Convention des Nations Unies relatives aux droits de l’enfant en ce qu’elle intègre les opinions des enfants et adolescents. Il nous semble important d’écouter les enfants, et espérons que les décideurs pourront tenir compte de ces perspectives lorsqu’ils prendront des décisions sur des questions concernant les enfants et les adolescents pendant la pandémie mondiale.»

Un an après… COVID-Kids II

Les Pr Claudine Kirsch et Pr Pascale Engel ne comptent pas s’arrêter là et envisagent déjà un nouveau projet de recherche, COVID-Kids II, intitulé «Children’s voices during the COVID-19 pandemic: Insights into their learning experiences, perceptions and well-being».

Celui-ci comporte trois volets:

Des entretiens avec les 22 enfants interviewés en 2020.

Une enquête (online et papier) avec les enfants de 6-16 ans sur leurs apprentissages, leurs perceptions de leur vécu et leur bien-être. L’enquête est en ligne jusqu’au 15 juillet: www.covidkids-uni.liser.lu

Une étude quantitative sur la santé mentale, le bien-être et la participation des enfants vulnérables en institutions (Foyers d’accueil).

Pr Pascale Engel de Abreu: «Pour cette nouvelle étude COVID-Kids II, nous tenons à pallier aux limitations auxquelles nous avons été confrontées lors de l’étude COVID-Kids I. Nous avions eu la possibilité d’organiser un meeting avec un groupe d’experts composé de médecins et de psychologues parce qu’il était essentiel pour nous d’obtenir un point de vue différent sur toutes nos données collectées. Malheureusement, nous n’avions pas pu explorer la question de la santé mentale des enfants et des adolescents en tant que telle. En effet, nous étions tributaires de considérations éthiques liées à notre méthode online où nous n’étions pas face aux enfants et aux adolescents. La situation sanitaire dans notre pays étant meilleure aujourd’hui, nous allons pouvoir faire dans notre étude COVID-Kids II une étude quantitative de la santé mentale des enfants et adolescents (volet 3 du projet COVID-Kids II) en partenariat avec des professionnels du secteur. Des échelles d’évaluation de la dépression et de l’anxiété validées scientifiquement pourront être utilisées en complément de nos mesures de résultat du bien-être des enfants et des adolescents.»

 

Pour en savoir plus sur l’étude COVID-Kids I:

• Unicef Luxembourg et l’Université du Luxembourg ont créé trois petits films www.uncf.lu/ pad6p et une page web www.covidkids.lu

• Rapport sur les résultats au Luxembourg: www.orbilu.uni.lu

• Articles: scientifiques: - www.jahonline.org/article/S1054-139X(21)00225-1/fulltext

- www.doi.org/10.1016/j.ijedro.2021.100049

Pour visionner l’entièreté du webinaire: www.chl.lu/fr/actualites/webinaire-covid-19-un-apres-desconsequences-chez-les-enfantset-adolescents

Source: www.covidkids.lu

 

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